Les managers de PME face à la disruption digitale

01.06.2016  • Cécile Meriguet

Les enjeux de la transformation digitale ne semblent pas beaucoup émouvoir la majorité des PME. Elles observent le phénomène, sans le comprendre fondamentalement et souvent sans en imaginer le retentissement sur leur propre modèle économique. Comment observer ce changement profond qui va impacter l’ensemble de nos usages sans penser être concernés ? Étrangement, une grande partie redoute néanmoins « l’ubérisation » de plus en plus médiatisée sans pour autant intégrer la disruption digitale dans leur stratégie à court et moyen terme.

La mesure du changement.

On remarque néanmoins que quasiment toutes les grandes entreprises ont enfin pris en compte la mesure du changement. Elles ont souvent l’avantage de pouvoir mobiliser des moyens et des ressources.

Et si la transformation digitale devient garante d’une croissance de la chaîne de valeur, elle repose cependant sur un processus radical qui entraîne une remise en question du modèle dans sa globalité. Toute la chaîne des métiers de l’entreprise est concernée ; le marketing, la relation client, le management, la production, la gouvernance dans sa globalité… Mieux, cette transformation apporte une forte capacité d’innovation grâce à laquelle l’entreprise peut rebondir et entreprendre des axes de développement inespérés.

Une révolution des mentalités.

Les managers de PME doivent intégrer cette conduite du changement et surtout être prêts à l’appliquer. Pour certains qui ont pris conscience de l’importance d’évoluer, il est nécessaire de ne pas réduire la transformation digitale à une question d’outils ou d’équipements. La disruption digitale passe d’abord par l’humain et la remise en cause du modèle irreversible des fondamentaux de l’entreprise traditionnelle, c’est une révolution des mentalités que les managers de PME doivent opérer.

Près de la majorité des dirigeants d’entreprise français estiment que le digital est un phénomène passager.

Ce bouleversement peut faire peur et c’est légitime, mais faire l’autruche ne sera en aucune façon la solution, à l’inverse cette posture promet à bien des PME de rencontrer des difficultés croissantes. Une étude de Capgemini Consulting (2015) affirme que les entreprises ayant opérées leur transformation digitale créent 9% de revenus supplémentaires par salarié et augmentent de 26% la rentabilité additionnelle.

Seulement 30% des chefs d’entreprises français pensent que la transformation numérique est stratégique ou essentielle.

Malheureusement, près de la majorité, 47%, estiment que le numérique est un phénomène passager.

Alors, évidemment, l’effort demandé est très important car la remise en cause l’est tout autant. La démarche est de l’ordre du culturel et tout remettre à plat demande de se pauser pour repenser l’organisation de l’entreprise sous ce nouveau prisme. La plupart de nos chefs d’entreprises qui courent après le temps n’ont pas toujours l’opportunité de prendre ce recul pourtant fondamental pour leur avenir.

Les pouvoir publics et les organisations professionnelles communiquent beaucoup mais agissent peu.

Par ailleurs, pouvoirs publics et organisations professionnelles qui n’ont pas eux-mêmes intégrés l’urgence du changement, font preuve de bonne volonté mais restent plombés par l’inertie que l’on sait et les chefs d’entreprises ne sont pas accompagnés par les instances compétentes.

Les pouvoirs publics et organisations professionnelles communiquent beaucoup (sur le numérique mais sans projet ni vision ils n’ont jamais pris la mesure des enjeux et des défis à relever. Ils n’agissent pas réellement et n’orientent pas suffisamment de ressources et de moyens vers les PME, qui représentent 99,8 % du tissu des entreprises ! La transformation numérique devrait être une priorité, une cause nationale et orienter suffisamment de ressources. Pourtant l’impact potentiel de cette révolution sur la croissance de la France et la compétitivité de ses entreprises est énorme. Selon McKinsey, le numérique pourrait engendrer une valeur économique globale, d’environ 1 000 milliards d’euros en France d’ici 2025.

Aujourd’hui, notre PIB numérique est principalement porté par les consommateurs et trop peu par les entreprises.

Parallèlement, la population française qui, dans son ensemble a massivement adopté les outils numériques sera réceptive à une offre à la hauteur. On sait combien nos façons de consommer ont changé en peu de temps. La facilité à avoir accès à tout nous transforme en consommateurs exigeants, adeptes de produits qui répondent pleinement à leur propre mode de consommation. Les entreprises doivent donc être en phase avec ces nouveaux consommateurs, le marché est colossal, les PME françaises ont donc beaucoup à gagner à revoir leur copie…

 Philippe Malbrunot, Consultant Digital Effervescence.

Directrice Associée et Directrice conseil
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